Rapport de Jean-François BACH, Secrétaire perpétuel de l’Académie des Sciences
Réflexions et propositions sur la première année des études de médecine, d’odontologie, de pharmacie et de sage-femme : L1 SANTE
La difficulté du concours commun organisé à la fin de la première année d’étude des trois filières santé, médecine, odontologie, maïeutique se solde par l’échec d’un grand nombre de candidats. la pharmacie a également fait partie de ce groupe de réflexions, le concours à l’issue de la première année présentant la même problématique.
Observations
En comparaison avec le nombre d ‘étudiants inscrits en première année, seule une minorité franchissent l’obstacle du concours ouvrant l’entrée à la deuxième année ; de plus une fraction très élevée d’étudiants reçus, a redoublé cette première année. Pour la majorité, la perte de deux années n’est pas justifiée.
Il est important de connaître le devenir des étudiants non reçus aux concours, qu’il s’agisse des reçus collés(moyenne sur l’ensemble des épreuves mais en raison du numerus clausus, non admis) ou des étudiants qui n’ont pas la moyenne.
La quasi totalité des étudiants ayant réussi leur première année sont titulaires d’un Bac S, alors que les professions de santé pourraient bénéficier de la présence d’étudiants d’autres origines.
Objectifs des réformes à opérer
- Réorienter rapidement les étudiants les moins adaptés au L1 Santé afin de réduire le pourcentage de redoublants,
- Rapprocher les quatre filières, médecine, odontologie, maïeutique et pharmacie,
- Améliorer la pédagogie : encadrement des étudiants (tutorat), amélioration du contenu des programmes, créer les conditions d’une équité financière.
- Offrir de nouvelles passerelles entrantes et sortantes.
Propositions de réformes
1.Réorientation rapide des étudiants les moins adaptés et réduction progressive du nombre d’étudiants inscrits en L1 Santé : information dans les lycées, dans. les facultés avant l’entrée en première année
Réorientation au terme du S1, envisagée dès le mois de janvier si note inférieure à 7/20 ou possibilité d’une deuxième chance après remise à niveau de 18 mois dans une filière scientifique ; orientation facilitée si double inscription initiale.
Réorientation des étudiants sous la barre d’admission au concours en fin de S2 : possibilité d’un rattrapage de 12 mois dans une filière scientifique (si note inférieure à 7/20).
Bonus aux meilleurs primants sous la barre d’admission au concours : proposition d’acceptation directe en L2 Santé
2.Création d’un L1 Santé commun aux quatre filières de Santé.
Les étudiants de médecine, d’odontologie et les étudiants sages-femmes restent attachés à une première année commune. Les étudiants en pharmacie souhaitent les rejoindre .L’existence d’enseignements spécifiques, serait complétée par l’utilisation de coefficients différents pour chacune des disciplines dans les quatre concours, tout en gardant le même type d’épreuves pour les disciplines communes.
3.Nouvelles modalités des concours : de part la proposition de quatre concours distincts, chaque étudiant pourra choisir de se présenter à plusieurs concours.
4.Améliorations pédagogiques : instauration d’un tutorat, développement de supports éducatifs (enregistrements vidéo, internet…)
5.. Création de nouvelles voies d’entrée dans les filières de santé : passerelles entrantes
-Entrée en « L2 Santé », court-circuitant le concours du L1, pour des étudiants engagés dans un cursus universitaire scientifique, au moins de niveau M2.
- Entrée en L2 Santé d’étudiants « reçus-collés », ayant choisi de ne pas redoubler et d’intégrer un L2 en faculté de sciences, puis y ayant validé le L3.
- Entrée en L3 Santé de diplômés de certaines Grandes Ecoles ou de titulaires d’un doctorat d’université.
- Entrée réservée aux titulaires d’un diplôme de l’une des trois autres filières de santé:
pour les médecins, les pharmaciens et les odontologistes : entrée directe en L3 Santé pour l’une quelconque des filières ;pour les sages-femmes, entrée directe en L2 Santé
- Entrée en L2 Santé par un deuxième concours, réservé aux titulaires d’un baccalauréat autre que S, avec un nombre très limité de places et remise à niveau scientifique.
-Entrée en L2 Santé de diplômés de certaines professions de santé, en particulier les infirmières.
6.Passerelles sortantes.
-Cursus universitaires généralistes :
La validation du L1 dans une des quatre filières santé pourra permettre aux étudiants d’accéder à d’autres filières universitaires, notamment : L2 de différentes filières scientifiques ,L3 d’une filière scientifique biologique , L2 hors filière scientifique .
_-Cursus universitaires professionnalisants :
Dans le domaine de la Santé : l’équivalence avec une première année de certaines écoles paramédicales universitarisées, telles que les écoles d’orthoptiste, d’orthophoniste et d’audioprothésiste.
Dans le domaine des Sciences : les formations professionnelles permettant d’exercer des métiers proches de la santé devraient être créées dans les domaines notamment d’ingénierie de la santé, des sciences de l’ingénieur.
Par ailleurs, des accords devraient être trouvés avec certains I.U.T qui donneraient la possibilité à des étudiants d’entrer en L2, leur permettant ainsi d’obtenir une Licence Professionnelle dans les domaines de la biotechnologie, de la bio-informatique, et des sciences de la santé.
- Formations professionnelles courtes, non universitaires :
A partir d’un L1 Santé, il serait important de donner l’équivalence de la première année en vue de permettre à certains étudiants d’accéder plus rapidement à différentes formations telles que Technicien de Laboratoire d’Analyses Médicales, Ecole de Préparateurs en Pharmacie, Hygiéniste dentaire, Opticien…
- Ecoles paramédicales : accès aux étudiants ayant validé le L1 Santé à certaines écoles paramédicales telles que celles d’Infirmières, de Masseurs Kinésithérapeutes
-Nouveaux métiers de la Santé : possibilité de réorientation d’étudiants ayant validé le L1 Santé vers des métiers nouveaux dans le domaine des soins, de la Recherche ou des biotechnologies
Conclusion
La nécessité d’imposer un numerus clausus au recrutement des médecins, des odontologistes, des pharmaciens et des sages-femmes, a engendré une situation très tendue devenue inacceptable tant pour les étudiants que pour les enseignants. Le nombre excessif d’étudiants inscrits dans ces études gène considérablement la mise en œuvre d’un enseignement de qualité et est à l’origine d’un gâchis de temps et de motivation pour les étudiants de très bon niveau. Une réforme profonde de l’organisation actuelle de cette première année est demandée par tous, étudiants et enseignants.
Le rapport présente une série de propositions permettant, tout à la fois, de réorienter rapidement les étudiants les moins adaptés vers d’autres voies très valorisantes, d’améliorer la qualité de l’enseignement et d’ouvrir les quatre filières sur les études scientifiques et les autres métiers de la santé
Enfin, il convient de rappeler que dans le cadre de la loi LRU 2007, une certaine autonomie devra être laissée à chaque université, en recommandant néanmoins une harmonisation des programmes et des modalités de concours.